Taube – D.1 – III.1 Fabel

Il existe une huitaine de fables occidentales (Esope, Avianus, Phèdre), ou d’origine orientales (Kalila et Dimna) mais passées dans la littérature latine, qui mettent en scène un ou des colombidés. Il s’agit le plus souvent de colombes mais le vocable peut varier avec les tourterelles.

  1. La colombe assoiffée: Une colombe assoiffée voit un verre au bord d’une fenêtre. Elle se pose pour boire mais aperçoit une fontaine à l’intérieur de la maison. Elle se dit que l’eau y sera plus fraîche et entre. Mais la fontaine est en trompe l’œil et le peintre qui habite là en profite pour capturer la colombe.
  2. La colombe et la pie: les deux oiseaux sont voisins mais le ménage de l’une est aussi calme et bien tenu que celui de l’autre est bruyant et malheureux. La pie vient souvent se plaindre de son époux chez sa voisine. Cette dernière lui demande alors si elle ne serait pas elle-même un peu la cause de ces mésententes. La pie admet qu’elle a bien quelques défauts, que la tourterelle lui conseille alors d’amender, ce qui lui vaut finalement de se voir injuriée par la pie, vexée de n’avoir point été démentie.
  3. La colombe et la corneille: Une colombe domestique se vante de ses nombreux petits. Une corneille l’entendant lui rappelle que tous ces enfants sont eux aussi emprisonnés.
  4. La colombe et la fourmi: Une colombe boit sur le bord d’un ruisseau où une fourmi est tombée. Elle aide cette dernière à sortir de l’eau à l’aide d’un brin d’herbe. Peu de temps après, un oiseleur capture la colombe, mais la fourmi le pique au talon permettant ainsi à la colombe de s’envoler.
  5. Les colombes et le faucon: Les colombes, lasses de subir les attaques du milan, se proposent de prendre pour roi le faucon (ou le Grand Duc selon les versions) afin qu’il les défende. Mais leur nouveau souverain ne tarde pas à se retourner contre elles et à les décimer avec plus de hargne que ne le faisait leur ennemi.
  6. Les colombes et la souris: Des colombes guidées par leur roi, sont prises sous le filet d’un oiseleur. Leur roi les raisonne et leur dit qu’en volant toutes de concert elles sauront déplacer le filet. Elles volent ainsi jusqu’à une colline où vit une souris amie du roi qui accepte de ronger les rets.
  7. Les colombes apprivoisées et les sauvages: Des colombes prises au filet par le truchement de leurs semblables apprivoisés leur reprochent leur trahison. Mais ces derniers répliquent qu’il leur est plus profitable de servir leur maître actuel que d’être fidèles à leur gent.
  8. Les colombes et le corbeau: Un corbeau, ayant constaté l’aisance des colombes d’un colombier, se teint en blanc et se mêle à elles dans l’espoir de bénéficier du même traitement. Tout va bien  tant qu’il se tait mais dès lors qu’il ouvre le bec, les colombes le reconnaissent pour ce qu’il est et le chassent. Dépité, il revient vers les siens, mais ces derniers ne reconnaissant pas sa couleur, le chassent à leur tour, le laissant plus démuni qu’avant.

Il est difficile de trouver un point commun à ces textes, qui ne tiennent compte des informations transmises par la tradition encyclopédique ou les bestiaires, à l’exception peut-être des quelques textes qui évoquent la progéniture abondante ou les amours solides des colombidés (2, 3). Le plus souvent la colombe y témoigne d’une certaine bêtise ou d’un manque de jugement (1, 2, 3, 5), dans d’autres cas c’est l’inverse, leur unité ou leur compassion leur permet de se tirer d’un mauvais pas (4, 6). On peut aussi remarquer l’insistance sur leur mode de vie grégaire (5, 6, 7, 8) et l’opposition traditionnelle avec les corvidés (2, 3, 8). La première remarque concerne d’ailleurs surtout les textes d’origine orientale ou méditerranéenne (peut-être parce que ces cultures ont apprivoisé les colombidés plus tôt que les peuples plus nordiques ou continentaux).

Lit.: G. Dicke/ K. Grubmüller: Katalog der Fabeln des Mittelalters und der frühen Neuzeit, 1987 ; Recueil général des Isopets, éd. J. Bastin, 1929-1930; Aesop's Fables, trad.L. Gibbs, 2002; Fables de Phèdre, trad. M. T. Panckoucke, suivit des œuvres d’Avianus, de Denys Caton, de Publius Syrus, trad. Levasseur et Chenu, 1864.

Rémy Cordonnier

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