Les premières versions du Physiologus latin (Y ch. 20, A ch. 33, B ch. 33) s’attachent à la chasteté et à la génération particulière des éléphants. Au moment de la procréation, le couple va en Orient, vers le Paradis, la femelle trouve la mandragore, en mange et y fait goûter le mâle. Elle conçoit alors, et quand vient le temps de la mise bas, se retire dans un lac, sous la garde du mâle qui éloigne le → dragon, ennemi des éléphants. L’allégorie est limpide et s’applique à Adam et Eve, à la tentation, à l’exil du premier couple dans ce monde fluctuant tel un lac, à la conception de Caïn, aux embûches du diable (Physiologus B). La notice des Dicta Chrysostomi est similaire (ch. 8). Le Physiologus Y ajoute, suivant son modèle grec, que l’éléphant est sans articulations dans les jambes et s’appuie à un arbre pour dormir. Le chasseur scie l’arbre et l’éléphant chute, incapable de se relever; il crie, un grand éléphant vient mais ne peut le redresser, pas plus que 12 autres éléphants, jusqu’à ce que se présente un éléphanteau qui le relève en s’aidant de sa trompe. Morale: le premier couple cria son désespoir, vint l’ancienne Loi (grand éléphant) puis les douze prophètes, tout cela en vain; c’est le Christ, dans son humilité, qui apporta le salut. Les grands Bestiaires latins ajoutent des propriétés empruntées à Isidore, et moralisent dans le même sens que le Physiologus Y.
Baudouin Van den Abeele
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