Elefant – D.1 – IV.2 Lyrische Texte

Les poètes lyriques se souviendront des différentes caractéristiques contenues dans les bestiaires et sauront les exploiter de manière arbitraire, mais efficace.

Souvent, c’est l’absence d’articulation au niveau du genou qui est rappelée. Ainsi, le poète occitan Rigaut de Barbezieux se compare, dans sa célèbre chanson Atressi con l’orifanz, à l’éléphant qui chute et ne pourra se relever sans l’aide de ses proches, et dans la Priere Theophile, on dit de la Vierge, évoquant la même caractéristique, que jamais elle ne s’est pliée aux vanités du monde.

C’est dans ce contexte qu’il faut insérer le Conte de l’olifans de Baudouin de Condé, qui, au XIIIe siècle, utilisera les propriétés de l’éléphant puisées dans les bestiaires pour écrire un texte à la fois critique à l’égard de son temps et élogieux à l’égard de sa patronne, la comtesse de Flandre Marguerite II qui se voit ainsi comparée, sans ironie aucune, à l’éléphant.

En réalité, l’image de l’éléphant est d’une grande élasticité puisque son physique peut aussi être utilisé à des fins très différentes par un auteur de veine plus satirique: Eustache Deschamps, au XIVe siècle adresse une ballade injurieuse (Bal. 804) à une femme, dont il compare les doigts à une patte d’éléphant. Ailleurs, il se moque (Bal. 856) aussi d’un homme, qui aurait des genoux comme un éléphant. Cela n’empêche pas Deschamps de citer le pachyderme aussi (Bal. 1203) parmi les richesses que les puissants sont prêts à échanger, au même titre que leurs villes et châteaux, pour la santé, une fois qu’ils l’ont perdue. Il se peut, toutefois, que le terme olifant ne désigne ici pas l’animal, mais l’ivoire.

Les poètes lyriques français, tout comme les romanciers et auteurs de chansons de geste, mentionnent, selon les besoins de leur projet littéraire, le cri, la constance, la taille, la force ou la laideur de l’éléphant. Une grande partie de ces caractéristiques est aussi livresque qu’imaginaire puisque la partie «naturaliste» est presque entièrement réduite au statut de carrière où tout poète puise ce qui bon lui semble.

C’est pourquoi Desportes, au XVIe siècle, mérite ici une mention à part pour son sonnet à devinette qui résume en deux quatrains la première page des informations que Pline consacre à l’éléphant: c’est le premier véritable alliage entre poésie et science de la littérature française où aucun autre ›message‹ ne vient interférer.

Ausg.: Rigaut de Barbezilh: Liriche, éd. A. VARVARO, 1960; Philippe Desportes: Amours de Diane, éd. V. E. GRAHAM, 1959, livre 2, sonnet 60; Baudouin de Condé: Li contes de l’olifant, dans: Il mantello d’onore, 1999, 302-18.

Lit.: R. TAYLOR: Les images allégoriques d’animaux dans les poèmes de Rigaut de Berbezilh. Cultura Neolatina 38 (1978), 251-59; W. ZILTENER: Repertorium der Gleichnisse und bildhaften Vergleiche der okzitanischen und der französischen Versliteratur des Mittelalters, 1989, 244.

Richard Trachsler

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