Medizin: On trouve des témoignages d’une utilisation médicinale du corps de l’éléphant dans plusieurs textes. C’est sans doute Pline l’Ancien qui transmet les plus anciennes attestations de ses propriétés thérapeutiques, au chapitre 24 du livre XXVIII de son Historia Naturalis. Son sang, surtout celui du mâle, est un excellent remède contre les fluxions, mais aussi contre la consomption. Son foie soigne l’épilepsie. La poussière d’ivoire mélangée à du miel traite les maladies de peau. Toucher la trompe d’un éléphant calme les maux de tête, et mieux encore s’il éternue. Mélangée à la bonne terre, sa trompe peut également être aphrodisiaque.
Les informations transmises par l’encyclopédiste romain sont toujours d’actualité au XIIIe siècle : on en trouve, par exemple, des extraits intégrés au chapitre 52 du livre XIX du Speculum Naturale de Vincent de Beauvais, alors qu’il traite spécifiquement des propriétés curatives de l’animal.
Le Moyen Âge ne s’inspire pas seulement de la littérature scientifique d’origine antique. La tradition scientifique arabe augmente considérablement les indications relatives aux remèdes que les différentes parties du corps de l’éléphant permettent de créer et à ce qu’ils traitent. Le traité 2 du livre II du Liber canonis d’Avicenne, un recueil de medicamina simplicia très répandu et utilisé à la période médiévale, indique par exemple que la graisse du pachyderme est un très bon antidote contre les venins, et que ses excréments peuvent provoquer l’avortement.
Plusieurs auteurs médiévaux, parmi lesquels Constantin l’Africain dans son chapitre De spodio du Liber de gradibus, ou le Pseudo Matthaeus Platearius dans la section De spodio du Circa instans, ou encore Rhazès dans le chapitre 76 du livre XXV de son Liber Continens, développent les propriétés médicinales du spodium en particulier, substance généralement identifiée à de l’ivoire brûlé. En réalité, il s’agit d’une interprétation erronée, due à une mauvaise lecture du chapitre 75 du livre V du De Materia Medica de Dioscorides. L’auteur y définissait le spodium comme de la vapeur produite par fusion du cuivre, mais les traducteurs arabes du texte grec, puis les commentateurs successifs n’ont pas transmis cette version. Avicenne, par exemple, annonce qu’il provient d’une racine. Cette définition est ensuite reprise par Vincent de Beauvais dans le Speculum Naturale. Et cette croyance venue de la pharmacopée arabe survit dans l’Occident médiéval jusqu’à l’aube de la Renaissance. Le retour aux textes grecs originaux permettra au XVIe siècle de redéfinir le spodium.
En ce qui concerne la médecine populaire du Moyen Âge, on note que l’animal est complètement absent des Cyranides, selon la version publiée par L. DELATTE en 1942 ; mais une des rédactions suivantes l’a vraisemblablement intégré. L’Historia plantarum, un texte anonyme transmis par le précieux manuscrit Roma, Biblioteca Casanatense, MS 459, contient, au f. 89v, un chapitre consacré à l’éléphant, alors qu’il présente des extraits des Cyranides et de Sextus Placitus.
Lit.: D. GOLTZ: Studien zur Geschichte der Mineraliennamen in Pharmazie, Chemie und Medizin von den Anfängen bis Paracelsus, 1972, 132-134; Textes latins et vieux français relatifs aux Cyranides, éd. L. DELATTE, 1942; Historia plantarum, in: Historia plantarum: Roma, Biblioteca Casanatense, ms. 459 “Tacuinum sanitatis” (ambito lombardo, seconda metà del XIV secolo), éd. S. PANINI/V. SEGRE RUTZ, 2001-2004, ici vol. 2: Traduzione-Schede descrittive, éd. E. LAZZERINI/V. SEGRE RUTZ/M. DI VITO, 155.
Iolanda Ventura
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