Taube – B.1 Antike Zoologie

Aristote évoque souvent les colombidés dans son Histoire des animaux. La première mention des pigeons y apparaît dans le chapitre sur les organes internes des oiseaux (Hist. An. 2, 17), où il évoque la présence du jabot. Plus loin (Hist. An. 5, 13), il donne la liste des principales espèces de colombidés connues et les décrit brièvement. Ainsi apprend-on que le pigeon commun, le pigeon de roche, le ramier, le roussard et la tourterelle sont de taille et de couleur variables, que certains sont plus aptes que les autres à être domestiqués. Dans les régions chaudes et ensoleillées, les colombidés couvent en toutes saisons, et seulement en été dans les régions plus froides, mais ce sont les couvées des périodes tempérées qui sont les plus robustes. Il précise aussi que les tourterelles se déplument en hiver et nichent alors dans des troncs creux.

Aristote s’intéresse de près à la reproduction et à la ponte, en observant avec finesse le développement des œufs et l’éclosion. Il évoque plus brièvement leur mode de nourrissage (Hist. An. 8, 3), indiquant qu’ils sont essentiellement granivores, et poursuit avec des informations sur les espèces migratrices, notamment les ramiers et les pigeons de roche (Hist. An. 8, 12), et sur leurs lieux d’habitation (Hist. An. 8, 15) en précisant que les tourterelles rejoignent les pays chauds pendant les périodes hivernales. De leurs inimitiés (Hist. An. 9, 1), il ne mentionne que celles de la tourterelle avec un oiseau jaune et un oiseau rouge feu non identifiés.

Le Stagirite consacre en revanche un chapitre entier (Hist. An. 9, 7) aux manifestations de leur intelligence, en particulier les comportements pouvant êtres interprétés comme anthropomorphiques. Il insiste surtout sur les marques de tendresse que se portent ces oiseaux. C’est le premier à évoquer leur fidélité, à quelques rares exceptions, les couples ne se briseraient que par la mort de l’un des partenaires. Il souligne également le comportement ambivalent du mâle envers la femelle lors de la reproduction, tantôt attentionné, tantôt emporté, ainsi que leur âpreté à défendre leurs couvées. S’il interprète erronément la régurgitation du lait de jabot, qu’il identifie comme de la terre salée que le mâle aurait préalablement avalée et mâchée, c’est néanmoins le premier à l’avoir signalé. Il en est de même du fait de boire sans relever la tête. Aristote termine ce chapitre par quelques considérations sur leur longévité, précisant que les grands ramiers peuvent vivre entre 25 et 30 ou même 40 ans, alors que les autres espèces vivent généralement une huitaine d’années. Ses dernières remarques portent sur les bains de poussières que pratiquent les colombidés pour se débarrasser de leurs parasites, et des flatulences des tourterelles (9, 51).

Aristote montre beaucoup d’acribie dans sa description, plus que pour la majorité des autres espèces d’oiseaux qui font l’objet de remarques spécifiques dans son livre. La récurrence de ces mentions est certainement due au caractère commun des colombidés et à la plus grande facilité qu’il a eue à les étudier - c’est d’ailleurs aussi le cas pour les gallinacés. Certains passages descriptifs permettent de supposer qu’il a dû pratiquer la vivisection sur certains spécimens. Les colombidés et les gallinacés apparaissent ainsi chez Aristote comme l’exemple type de la gent aviaire. Les informations qu’il donne seront ensuite régulièrement reprises par les autres auteurs antiques qui écrivirent sur le sujet, avec plus ou moins de précisions. Rares seront ceux qui apporteront des informations supplémentaires valables sur ce sujet.

La plupart des données transmises par Pline dans son Hist. Nat. (10, 104-105), étaient déjà présentes chez Aristote. Mais il a lu d’autres sources qui viennent ajouter quelques éléments au dossier, tel que la propension des colombidés au narcissisme. Ce défaut causerait souvent leur perte car, détournant leur attention, il les met à la merci des éperviers. Ce motif sera souvent repris par les auteurs médiévaux. Il développe aussi plusieurs exemples de l’usage qu’on a pu faire des pigeons voyageurs pour transmettre des messages (Hist. Nat., 10, 101) et décrit brièvement les pratiques de colombophilie qui était déjà ancienne à l’époque. On construisait des colombiers et pouvait payer fort cher les spécimens les plus prestigieux. Quant à Solin (Collectanea, 3, 2), il ajoute que les colombidés viendraient de l’ile Colombaria qui leur a donné leur nom.

Ausg.: Aristote: Histoire des animaux, éd. P. Louis, 1964-1969 (l’édition est en plusieurs volumes au sein desquels le propos sur la colombe est dipsersé); Élien: La personnalité des animaux, trad. A. Zucker, 2001-2002; Platon: Théétète, éd. E. Chambry, 1967; Pline l’Ancien: Histoire naturelle, vol. 10, ed. E. de Saint Denis, 1961; Solin: Collectanea rerum memorabilium, éd. T. Mommsen, 1895 (réimpression: 1958).

Rémy Cordonnier

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