TAUBE – Lateinische Literatur

Taube – C. – I. Terminologisches

Au Moyen Âge Le terme latin columbus désigne les nombreuses espèces de pigeons et de colombes qui peuplent l’Europe ainsi que la tourterelle domestique mais uniquement lorsqu’elle est blanche. Les autres espèces de tourterelles sont désignées par le terme turtur. Quant au mot palumbes (palombe), il correspond généralement aux pigeons ramiers et colombins dont on pratiquait l’élevage. Le terme columba designait aussi, d’après Maigne d’Arnis et du Cange, le vase en forme de colombe dans lequel on gardait autrefois la réserve eucharistique.

Lit.: Le grand Gaffiot, éd. revue, 2000, 349, 1122; W.-H., Maigne d’Arnis: Lexicon manuale ad scriptores mediae et infimae latinitatis, 1866, 515; J.-F. Niemeyer: Mediae Latinitatis Lexicon Minus, 1976, 204; Du Cange et al.: Glossarium mediae et infimae latinitatis, 1883-1887, t. 2, 417c.

Rémy Cordonnier

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Taube – C. – II.1 Physiologus, Bestiarien

Colombes et tourterelles sont présentes dans les bestiaires dès le Physiologos grec, et toutes les versions connues les interprètent peu ou prou dans les mêmes termes.

Dans le Physiologos, la tourterelle est essentiellement caractérisée par sa monogamie et son goût pour les habitats retirés. A ce titre elle est interprétée comme une figure des religieux réguliers, et plus particulièrement des anachorètes. Typologiquement, elle est associée à la Transfiguration.

Pour ce qui est des colombes, l’exégète alexandrin en a surtout retenu la variété de plumages: »Le Physiologue a traité de la diversité des colombes: Il existe des colombes élevées dans des colombiers et de nombreuses espèces de colombes; elles sont de toutes les couleurs: il y a la grise, la noirâtre, la bigarrée, la blanche, la colombe de feu«. Ce passage sera repris dans plusieurs Bestiaires. Le texte grec retient surtout de cette diversité que seuls les mâles roux parviennent à séduire toutes les femelles, y compris celles des autres mâles. Il a donc fait de la colombe rousse, ou couleur de feu, une figure du Messie qui a su convertir tous les hommes. Les autres colombes représentent les prophètes, dont le message n’a été entendu que par le peuple élu. Typologiquement elle est associée au Baptême du Christ.

On trouve également la mention des colombes dans le chapitre sur le peredixion, un arbre localisé en Inde, où les colombes ont l’habitude de nicher et dont elles mangent les fruits. Elles l’affectionnent aussi car il les protège du dragon qui les guette en prenant garde de ne point entrer dans l’ombre de l’arbre, dont le contact lui serait fatal. Si une colombe s’éloigne de la protection de l’arbre, le dragon la dévore. Dans ce contexte, les colombes figurent les chrétiens qui nichent dans l’arbre, allégorie de Dieu, alors que le dragon représente le diable.

Enfin, certaines versions du Physiologos consacrent un chapitre à la prédation que les faucons exercent sur les colombes isolées, et en font une illustration de la nécessité pour les chrétiens de rester groupés au sein de l’Église.

Les versions latines du texte ne varient pas beaucoup du texte grec pour ces chapitres, et conservent les principales interprétations telles que décrites ci-dessus. Toutefois, on peut noter que la version B du Physiologus latin et ses dérivés - dont les bestiaires latins - fait de la tourterelle non plus uniquement une figure des religieux mais aussi de l’Église en tant qu’épouse du Christ.

Pour les colombes, le développement, dans la version A notamment, porte sur les différentes couleurs qui sont interprétées chacune différemment. Les colombes noires signifient la complexité de la Loi sacrée; les bariolées sont assimilées aux prophètes, les bleutées à Élie, les cendrées à Jonas, les dorées aux hébreux dans la fournaise, les blanches à Jean-Baptiste et les stéphanines (couleurs encore indéterminée) au protomartyr Étienne.

L’utilisation des Étymologies isidoriennes parmi les sources des différentes versions et familles du bestiaire latin fait que les chapitres sur les colombidés sont enrichis d’un court passage sur l’origine de leurs noms. L’évêque sévillan fait remonter l’origine du nom de la tourterelle à son cri et celui de la colombe à l’aspect moiré de son cou (collum) qui change de couleurs à chaque mouvement. Certaines versions du bestiaire fusionnent les chapitres sur les colombes et sur le peredixion. Diverses autres sources du Bestiaire ont contribué à enrichir la liste de leurs natures allégoriques.

Mais l’Aviarium de Hugues de Fouilloy (1-11) leur consacre un développement beaucoup plus long que dans les autres bestiaires en raison de l’assimilation ancienne de la colombe aux religieux dans la culture occidentale. En effet, bien que généralement assimilé au genre du bestiaire, l’Aviarium a été conçu à l’origine comme un manuel destiné à enseigner les obligations de la vie religieuse.

Les 11 premiers chapitres du Traité des oiseaux proposent une exégèse de la colombe mentionnée dans le verset 14 du psaume 67: »Si vous dormez au milieu de vos héritages, vous serez comme des plumes argentées d’une colombe dont le bas du dos est couleur d’or pâle«; et dans le verset 7 du psaume 54: »qui me donnera des ailes comme la colombe, et je m’envolerai et je me poserai?«. La colombe y est présentée comme une image du religieux qui médite les écritures (les héritages) et cultive les bonnes actions (l’or et l’argent sur les ailes), afin de parvenir à l’élévation spirituelle et de s’élever vers Dieu comme la colombe s’envole vers les cieux. Le onzième chapitre du traité résume les principales natures des colombes en une liste claire et en donne brièvement l’interprétation exégétique la plus courante: »La première propriété de la colombe c’est qu’en guise de chant elle émet un soupir; la seconde est qu’elle n’a pas de fiel; la troisième est l’ardeur de ses baisers; la quatrième qu’elle vole en groupe; la cinquième qu’elle ne vit pas de prédation; la sixième qu’elle collecte les meilleures graines; la septième qu’elle ne se nourrit pas de cadavres; la huitième qu’elle niche dans les creux de rocher; la neuvième qu’elle vit près de l’eau courante, afin que lorsqu’elle voit l’ombre de l’autour elle puisse éviter ce dernier plus rapidement son approche; la dixième qu’elle élève deux petits. Au lieu d’un chant la colombe émet un soupir, parce qu’en gémissant elle pleure ses actes manqués. Elle n’a pas de fiel, qui représente l’amertume de la haine. Elle est avide de baisers parce qu’elle se plaît dans l’abondance de paix. Elle vole en groupes car elle aime la vie en communauté. Elle ne vit pas de prédation, parce qu’elle ne prend pas à son voisin. Elle collecte les meilleurs grains que sont les enseignements de la morale. Elle ne se nourrit pas de cadavres, qui sont les désirs charnels. Elle niche dans les creux de rochers, parce qu’elle place son espérance en la passion du Christ. Elle vit près de l’eau courante, afin que lorsqu’elle voit l’ombre de l’autour elle puisse l’éviter plus rapidement à son approche, parce qu’elle étudie l’Écriture afin d’éviter les pièges du diable en approche. Elle entretient deux petits qui sont l’amour du prochain et l’amour de Dieu«.

Lit.: G. Bianciotto: Sur le Bestiaire d’Amour de Richard de Fournival, dans: Épopée animale, fable, fabliaux, 1984, 107-119; W. B. Clark: The medieval Book of Birds, 1992; Ibid.: A Medieval Book of Beasts, 2006; F. Ohly: Probleme der mittelalterlichen Bedeutungsforschung und das Taubenbild des Hugo des Folieto, dans: Frühmittelalterliche Studien 2 (1968), 162-201; A. Zucker: Physiologos, 2004.

Rémy Cordonnier

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Taube – C. – II.2 Tierkunde, Enzyklopädik

Comme il a été signalé plus haut à propos de la zoologie antique, les colombidés jouissent d’une place particulière chez les naturalistes en raison de leur caractère commun et facilement étudiable en tant que représentants de l’ensemble de la gent aviaire. Pline s’est en partie inspirés d’Aristote, il est repris par Solin, et ils furent eux-mêmes les deux sources majeures des encyclopédistes du Moyen Âge, qui innoveront peu.

Isidore, qui s’est intéressé à l’origine des noms, apporte à ce titre quelques données supplémentaires qui furent reprises dans les bestiaires latins (voir supra). Notons qu’il ressort des Étymologies un contraste direct entre l’affection des tourterelles pour les lieux désertiques, et celle des colombes pour les milieux habités. Ce contraste sera repris par certains auteurs, qui s’en serviront pour illustrer l’érémitisme et le cénobitisme (Hugues de Fouilloy, Aviarium, 23-36, Guillaume de Saint-Thierry, Lettre aux frères du Mont-Dieu, II, 1). L’évêque de Séville attribue le goût pour la chasteté à la palombe et non à la tourterelle ; la colombe, qualifiée par Isidore d’oiseau de Vénus, garde son caractère libidineux. La libido des colombes est de loin la particularité qui revient le plus souvent et qui est le plus développée dans les encyclopédies médiévales.

Raban Maur (De nat. rer., 6, 6) reprend Isidore et lui adjoint une interprétation exégétique: la tourterelle qui affectionne la solitude représente les religieux cloîtrés ainsi que la beauté variée du corps du Christ qu’est l’Église œcuménique (d’après Ct 1, 14). Il précise également que Jonas vient du mot hébreu pour colombe (voir supra) et associe donc ce patriarche à l’oiseau (De nat. rer., 5, 3). Il précise également que les deux colombes sacrifiées au temple lors de la naissance du Christ figurent la chair et l’esprit de l’homme (De nat. rer., idem 5, 10). Un peu plus loin il donne toutes les interprétations possibles des colombes dans la Bible: Dieu dans Jérémie; le Saint Esprit dans les Évangiles; l’Église selon le Cantique des cantiques ; les apôtres dans Isaie et les juifs dans le Livre biblique de Sophonie. Il interprète aussi la couleur argentée des ailes, évoquée en Ps. 67,14, comme l’image de l’éloquence des prêcheurs.

Les encyclopédistes du XIIIe s. s’intéressent tous aux colombidés, dont ils distinguent le plus souvent les colombes des tourterelles. Nous en résumons les données par registres, en usant des sigles suivants: AN pour Alexander Nequam, De naturis rerum, 1, 56 et 59; TC pour Thomas de Cantimpré, Liber de natura rerum 5, 36 et 113; BA pour Barthélemy l’Anglais, De proprietatibus rerum, 12, 6 et 34; VB pour Vincent de Beauvais, Speculum Naturale, 16, 53-59 et 143-144; CP pour le Compendium Philosophiae, 14, 20 et 18; AG pour Albert le Grand, De animalibus, 23, 32 et 105.

Dans l’ensemble on observe peu de nouveautés par rapport aux encyclopédistes de l’antiquité et du haut Moyen Âge et aux Bestiaires. Les principales thématiques abordées par les savants compilateurs du XIIIe siècle correspondent finalement grosso modo à la liste donnée par Hugues de Fouilloy: elles gémissent au lieu de chanter (AN, AG); elles n’ont pas de fiel (AN, TC, BA, AG, VB); elles sont très affectueuses (TC, BA, VB, AN, AG, CP); les colombes vivent en troupes (BA, AG); elles se nourrissent de grains et non de prédation (BA, AG, AN, VB); elles affectionnent les creux de rochers (AN, BA, VB, CP – ce comportement est tantôt attribué à la colombe tantôt à la tourterelle, bien qu’Albert le Grand souligne que l’hibernation des tourterelles dans les rochers n’a jamais été prouvée); elles vivent près de l’eau pour être prévenues de la venue des prédateurs par le reflet (TC, BA, VB, AN); elles ne nourrissent que deux oisillons (BA, VB, AG – là aussi la donnée est tantôt attribuée à la colombe, tantôt à la tourterelle). Les encyclopédistes reprennent aussi souvent les autres Bestiaires, à propos des colombes : la variété de leurs robes et des espèces (VB, AG, AN) et la couleur changeante des plumes de leur cou (BA, VB, CP), ainsi que l’histoire du pérédixion (TC, VB, AG).

Même importance de la tradition ancienne pour les informations sur tourterelles, dont les principales naturae sont elles aussi reprises aux Bestiaires et aux premières encyclopédies: elles tirent leur nom de leur cri (TC, AG, VB, CP); préfèrent les lieux isolés (TC, VB, CP), nichent dans des lieux difficiles d’accès et des arbres à la ramure dense (TC, BA) mais descendent parfois dans le voisinage des hommes pour se nourrir (BA); et enfin elles sont chastes et fidèles même après la mort de leur compagnon (BA, AG, VB, CP).

A cette liste traditionnelle s’ajoutent diverses observations plus spécifiques au XIIIe siècle et pour la plupart liées à la redécouverte d’Aristote (ainsi, Barthélemy l’Anglais et Albert le Grand répètent à peu près ce qu’Aristote a dit, et que nous ne rendrons pas dans le détail ici): les colombes affectionnent la proximité des hommes (BA, AG, VB, CP); ils se préservent des prédateurs et certains précisent qu’ils savent distinguer les différentes espèces de rapaces à leur ombre et, connaissant leur mode de prédation, adaptent ainsi leur fuite (VB, AG). On trouve parfois des mentions de la mue des tourterelles (BA, AG) et le fait que leur retour annonce celui du printemps (AG, CP). La présence du jabot  et le lait de jabot sont (assez) peu mentionnés (BA, AG, VB), de même que leur façon de boire sans relever la tête (BA, AG, VB).

Comme toujours le domaine où ces auteurs montrent la plus grande prolixité concerne les amours des colombes. On retrouve notamment de temps à autre l’étymologie médiévale de columba qui viendrait lumbos colit, parce que les colombes entretiennent leurs reins par de fréquents rapports (BA, AG, CP). A ce propos, Albert le Grand (8, 2, 3), rapporte une observation originale d’Avicenne (DA, 9, 16), qui décrit comment, lorsque deux mâles s’affrontent pour une femelle, celle-ci va d’abord rejoindre le vainqueur du premier combat. Mais si le vaincu, après avoir repris ses forces, parvient à reprendre le dessus, alors la femelle retourne vers lui. On trouve enfin régulièrement des observations sur la fréquence des couvaisons qui ont lieu toute l’année, et le fait que les petits sont plus robustes lorsqu’ils naissent au printemps et en automne (BA, VB, AG). Ou encore sur le fait que les parents battent et chassent leurs petits lorsqu’ils restent trop longtemps au nid, et que le mâle va jusqu’à les cocher avant de les chasser (BA, AG). Il est aussi fait mention parfois des œufs non fécondés et de la frénésie de copulation des mâles (BA, AG).

Plusieurs de ces encyclopédistes évoquent quelques vertus médicales attribuées à certaines parties du corps des pigeons. La plus courante est celle qui prête un pouvoir dissolvant  au sang prélevé sous l’aile droite de l’oiseau, et qui en vertu de sa chaleur intense est préconisé pour soigner l’inflammation des yeux (BA, AG, VB, CP et Plac. Med. 30,2 - Sextus Placitus Papyriensis, CML IV). Barthélemy l’Anglais attribue le même pouvoir au sang de la tourterelle et de l’hirondelle. Il est intéressant de noter que l’opposition entre colombes et tourterelles se retrouve dans leurs ›natures‹ puisque si les premières sont chaudes, les secondes en revanche sont réputées être de complexion froide. Par ailleurs, Barthélemy l’Anglais complète aussi sa notice sur la description des qualités de la chair de la colombe et de la tourterelle, qui, chaude et humide chez les jeunes, devient sèche et dure en vieillissant.

Ausg.: M. de Boüard: Une nouvelle encyclopédie médiévale: le ›Compendium philosophiae, 1936; Thomas Cantimpratensis: Liber de natura rerum, ed.H. Boese, 1973; Albertus Magnus: De animalibus libri XXVI, éd. H. Stadler, 1916-1920; Albertus Magnus: On Animals, trad. K. F. Kitchell/ I. M. Resnick, 1999; Alexander Neckam: De Naturis Rerum, éd. T. Wright, 1863; Bartholomaeus Anglicus: De proprietatibus rerum, Reprint 1624; Isidore de Séville: Étymologies, Livre XII: Des animaux, éd./trad. J. André, 1986; Rabanus Maurus: De Rerum naturis, PL 111.

Rémy Cordonnier

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